mardi 21 juillet 2009

Dans la série :
Les voyages
Ouvrent les cages



« Sous le revers
De Prévert »




« Tout cela
ne vaut pas le poison
qui découle de tes yeux,
de tes yeux verts,
lacs où mon âme tremble et se voit à l'envers . . .

Mes songes viennent en foule
pour se désaltérer
à ces gouffres
amers. »

[Charles BAUDELAIRE]




Raynald Gagné
21 juillet 2009

raynaldquebec@hotmail.com





La nécropole m’attendait. Le ciel collaborait. Nuages par dessus nuages et dans ce message météorologique je percevais qu’une seule logique : Un ange m’attendait. Sur son courriel je pouvais y lire :

« L’animal soie au rendez-vous au cimetière du Père Lachaise, fais vite, surtout ne fonde pas d’espoir, je demande qu’à te voir. »

Comme toutes fauves, pour ne pas repérer les déchirements troubles entre le corps et la pensée, je décidai, comme toujours, de porter mes immenses lunettes fumées à la Roy Orbison pour rencontrer cette « Mystery Girl. »

Jim Morission. Elle m’invitait à la division 6, au mausolée de Jim Morisson.

Pourtant . . . Je ne trouvais pas cette première rencontre tout à fait marginale. J’aime savoir qu’il existe des gens aussi iconoclastes et extravagants que la personne qui me compose. Cette singularité me laisse envisagée un mince filament de certitude.

À travers un chemin approximatif, chaotique et graveleux je m’introduisais, comme je le pouvais, au milieu des morts. Soudainement, la plus que vivante me sourit. Regard perçant et chevelure dense est-ce ainsi que naît la trance ?

Nous marchions. Nous enchainions autant aux pas qu’aux mots. La divagation de l’errance se juxtaposait la cadence.

Sa vie s’ouvrait à moi.

Elle prit soin de passer devant Bashung avant de nous exclure, pendant quelques temps encore, d’entre les morts.

Deux expressos et des milliers de mots envolés dans ce petit café de quartier où il faisait bon nous reposer et de discuter.

Nous passions devant une boutique de spiritueux et tout à coup le ciel devint radieux.

De l’ombre à la lumière nous franchissions l’histoire de son existence.

Nos chemins se désunissaient dans cette bouche de métro. Sur la ligne 8, diamétralement opposées, comme deux fuyards, elle empruntait Créteil et moi Balard.

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